Un article publié le 18 novembre 2019 sur le journal le Monde, Lire cet article en cliquant ici, et me concernant en partie, fait référence à cet article sur ma grand-mère. L'année dernière, en octobre 2019, une journaliste du journal Le Monde me contacte, en fait elle prépare un article sur les mémés écolos avant l'heure dans les années 50/60, elle a lu cet article et mon témoignage l'intéresse. Après m'avoir interviewé, ainsi que d'autres personnes, son article sort en novembre 2019, elle m'a consacré quelques lignes...
D'après les souvenirs de Frédéric Wetzel...
Je n'ai pas la nostalgie du passé, je pense qu'il faut vivre avec son temps et toujours aller de l'avant, mais j'ai retrouvé récemment chez moi, des photos de l'époque de ma grand-mère, photos dont je ne me rappelais plus l'existence. Mes souvenirs d'enfance sont réapparus, je vais donc vous parler de cette époque, de cette femme que j'aimais plus que tout, qui m'a appris des principes très importants.
Ma grand-mère...
J'ai passé mon enfance chez ma grand-mère suite au divorce de mes parents en 1953 et, c'est donc elle qui m'a élevé, éduqué, cette dame qui s'appelait Aurélie tenait un petit bistro dans mon village actuel Baisieux, ses grands principes étaient le partage, l'entraide, l'amitié...Dans son petit commerce, elle affichait des prix très bas afin de servir les plus démunis, son activité engendrait de petits bénéfices, elle s'en contentait, cela suffisait pour vivre simplement.
À l'époque j'avais 6 ans, je me souviens qu'elle n'était pas riche, mais elle organisait souvent dans son café des repas à prix coûtant, pour la convivialité et pour aider les gens à se retrouver, afin qu'ils passent un bon moment (pas beaucoup de loisirs à l'époque), le menu de ces repas était bien souvent composé de haricots blancs et pommes de terre, accompagnés de grosses saucisses que l'on appelait des Pierrots, ainsi que d'autres cochonnailles (tripes, pieds de porc, etc...). J'avais gagné dans une foire à Lille, à un concours de lâcher de ballons, le premier prix : un superbe poste de radio (mon ballon avait volé jusqu'en Suède), celui-ci prônait en place d'honneur dans le café et les clients prenaient plaisir à écouter les infos et la musique. Avoir un poste radio (TSF) n'était pas courant à l'époque et les premiers téléviseurs étaient très rares. Dans mon quartier, à ma connaissance seul le docteur possédait un téléviseur, et il n'était pas rare que ce dernier invite chez lui quelques voisins dont nous faisions partie, pour regarder ensemble les émissions du samedi soir sur l'unique chaîne.
Ci-dessous, des repas à prix coûtant qu'elle organisait pour les clients du café (cliquez sur les photos pour les agrandir)
Novembre 1958 dans le café
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Mai 1961 dans la salle annexe
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Ma grand-mère était écolo malgré elle...
Oui ! ma grand-mère était écolo avant l'heure sans le savoir, puisque le mot écologie n'existait pas encore. Par la manière de vivre et la technologie de l'époque, son empreinte carbone était faible. Elle habitait un petit village frontalier du nord de la France : Baisieux, qui comptait environ 2900 habitants dans les années 50.
- Son équipement électrique se limitait à 5 ou 6 ampoules et un poste de TSF que j'avais gagné à un concours de lâcher de ballon, pas de frigidaire ni de machine à laver, l'eau potable n'était pas gaspillée et j'ai toujours connu l'utilisation de l'eau de pluie pour la lessive et le lavage des sols, elle lavait le linge à la main avec du savon noir dans une bassine d'eau de pluie chauffée sur le feu à charbon.
- L'entraide était très active dans le village, un service en valait un autre, personne n'était à la rue ! les plus malheureux étaient aidés par des petits boulots. Lorsque c'était l'heure du repas, chez ma grand-mère il y avait toujours une part supplémentaire que l'on appelait part du pauvre, de l'éventuel invité dernière minute.
- Pour les courses, elle n'achetait que le nécessaire, et c'était simple à appliquer puisque les produits étaient vendus en vrac à la petite épicerie, il n'y avait pas de gaspillage, les gens étaient très respectueux de la nourriture. Il y avait beaucoup de petits commerces de proximité dans le village : laiteries, boucheries, petites épiceries, boulangeries, cafés, marchands de fruits et légumes, les familles ne faisaient pas de gros stocks car peu de gens achetaient des frigos (très chers à l'époque). Ma grand-mère m'envoyait à la ferme de Charles Dupont, avec mon pot au lait, pour acheter le lait quotidien, on ne pouvait pas avoir plus frais, on se fournissait également en beurre dans cette ferme.
- Je me souviens que ma grand-mère avait dans sa cave un garde-manger, c'était une sorte de grande armoire grillagée où elle entreposait pendant 2 à 3 jours quelques aliments tels que le beurre, le lait, les restes de repas, fruits et légumes, etc...Ce garde manger avait un grillage très fin sur sa porte et ses parois pour bien aérer les aliments, et empêcher les insectes et autres bestioles d'y rentrer.
- Pour améliorer le quotidien, presque toutes les familles cultivaient leur terrain ou des terrains qu'elles louaient, pour récolter des légumes, des pommes de terres, des salades, elles avaient pour la plupart des poulaillers, elles élevaient aussi quelques lapins.
- À Noël, ma grand-mère m'offrait quelques chocolats et toujours un jouet en bois (château fort, garage, soldats etc..), elle avait économisé toute l'année pour ce cadeau.
- Le partage des livres existait déjà puisque ma grand-mère m'achetait le journal de Mickey toutes les semaines, et ensuite après l'avoir lu, le bouquin passait dans les mains de tous les copains et copines, et vice versa, les copains partageaient aussi leurs bouquins.
- Lorsque nous étions malades, les remèdes de grand-mère étaient bien souvent appliqués, ventouses, cataplasmes de farine de moutarde, etc...Bien sûr si c'était plus grave, ma grand mère allait prévenir le docteur Louis delezennes, médecin de campagne de l'époque, il habitait à 100 m de chez nous, et elle allait ensuite chez le pharmacien du village Ternisien.
- Ma grand-mère me choyait, exemple l'hiver il n'y avait pas de chauffage dans les chambres, mais ce n'était pas grave, avant de me coucher, elle mettait dans le fond de mon lit une brique réfractaire ou une bouillotte, qui avait chauffé toute la journée dans le four de la cuisinière à charbon, et c'était le confort absolu, j'étais rarement malade.
- Ma grand mère tenait un café, je me souviens que la brasserie Duquesnoy livrait chaque semaine les boissons, et à cette époque des années 50, la livraison se faisait avec des chevaux, le livreur déposait des caisses (en bois) de bière, limonade, vin rouge et blanc, et toutes ces boissons étaient contenues dans des bouteilles en verre, le livreur reprenait les bouteilles vides, pas de suremballage polluant en ce temps là, pas de bouteille en plastique, les boissons étaient toutes contenues dans des bouteilles en verre consignées.
Mes conclusions
J'ai adoré cette époque, mon enfance fut merveilleuse, la nourriture était très bonne et saine, la campagne n'était pas polluée, il y avait des arbres fruitiers partout, dans les jardins, les pâtures, il y avait très peu de circulation automobile, les gens menaient une vie plutôt saine. En conclusion, je pense que cette époque des années 50/60 avait du positif sur la manière de vivre, la solidarité, la convivialité, le respect de la nourriture, mais il faut dire aussi que la vie des femmes n'était pas facile. L'utilisation de toutes les technologies actuelles (lave-linge par exemple) est une avancée formidable pour les conditions de vie, mais nous devrions nous poser la question sur certains autres produits de consommation. Toutefois, je suis certain que ma grand-mère aurait été heureuse de connaître le web qui permet de s'ouvrir sur le monde, ça lui aurait certainement plu, car l'un de ses plus grands plaisirs était de lire chaque matin "NORD ÉCLAIR" elle adorait ce journal et voulait connaître tout ce qui se passait dans le monde...
En 1958, avoir en cadeau une trottinette, c'était le rêve, ma mère me l'avait offerte.
Avoir une trottinette en 1958
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La maison où j'ai passé toute mon enfance (1952 à 1966), cette photo date de 2019, hélas ! je n'ai pas retrouvé de photo lorsque c'était le bistro de ma grand-mère.
Dans les années 60, il y avait 2 petites maisons basses à gauche de la maison, et une grande ferme à droite, tout a été abattu pour construire des pavillons individuels. La façade de l'ancien bistro n'a pas changé (la grande fenêtre de gauche était le bistro et les deux fenêtres de droite la grande cuisine)
Être un enfant à cette époque...
Mes copains et moi, nous ne manquions pas d'imagination pour nous distraire le jeudi (à l'époque le jour de repos était le jeudi) ou le soir après l'école et l'étude qui se terminait à 17h30, en effet nous faisions nos devoirs à l’école avec l'instituteur pour 5 francs par mois.
Nous avions l'esprit inventif pour faire de grosses bêtises, dont en voici deux parmi tant d'autres qui ont marqué nos esprits et ceux de nos parents :
La baignoire en fer blanc de ma grand-mère
Un jour, au début des années 60, il y eut un très gros orage à Baisieux. Devant le café de ma grand-mère, de l'autre côté de la nationale, il y avait une pâture que l'on appelait la pâture Gaspard et au bout de celle-ci un grand creux, d'environ 15 m de circonférence sur 1,50 m de profondeur. Suite au gros orage ce trou était rempli d'eau, mes copains et moi-même très influencés par les BD que nous lisions, nous avons eu une très bonne idée de jeu : pendant que ma grand-mère était partie faire ses courses à la petite épicerie du coin, nous lui avons emprunté sa baignoire en fer blanc pour en faire un bateau, et pour la rame sa pelle à charbon, nous étions très confiants de notre embarcation, nous étions de bons architectes navals grâce aux bonnes leçons d'arithmétique que notre instituteur nous inculquait ... Quelques instants plus tard, après avoir mis un guetteur (le plus petit) pour surveiller l'éventuel retour de ma grand-mère, nous traversions la rue de Lille avec la baignoire pour démarrer notre aventure, nous avions même prévu le baptême du navire avec un litre de vin soutiré de la cave du café, la mise à l'eau fut rapide, et ce qui devait arriver, arriva ! nous avons coulé, la chance n'était pas avec nous ! C'est à ce moment que ma grand-mère a surgi, et comme elle criait très fort, les voisins sont sortis. Nous étions trempés, nos haleines sentaient le vin, et la baignoire de ma grand-mère coulée. Je me suis pris un grand coup de pied dans le derrière, et j'ai été privé de jeux pendant 4 jeudi, et en plus, désormais c'était à moi de remplir la charbonnière avec les mains, en attendant que l'on récupère la pelle. Il faut dire que nous aurions pu nous noyer, quand à la baignoire, on ne la récupéra que 2 mois plus tard dans un triste état, quand le trou fut à sec.
Des toiles d'araignées dans le café
Un jour d'été, avec les copains, nous avons attrapé une cinquantaine de grosses mouches bleues dans l'étable de la ferme voisine, et nous avons attaché des bouts de fils à coudre, d'environ 30 cm, entre la tête et l'abdomen. Puis nous les avons mise dans une boîte à chaussures, ensuite nous avons lâché tout cela dans le bistrot de ma grand-mère, les mouches alourdies par les fils volaient à moins de 2 m de hauteur, et ces fils frôlaient les visages des clients, donnant l'impression de toiles d'araignées dans la pièce. Grand-mère très en colère car il a fallut un certain temps pour évacuer toutes les mouches...
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Les jouets publicitaires de mon enfance
BANANIA, mon petit déjeuner préféré
Les personnes qui ont eu leur enfance dans les années 60 se souviendront certainement de ceci : si vous buviez du Banania au petit déjeuner, souvenez-vous ! il y avait des points sur les boites (1 point sur les boites de 250 G et 4 points sur les boites de 1 kg), avec 16 points Banania et 6 ou 7 timbres poste pour lettre, que l'on envoyait à Courbevoie chez l'éditeur, on recevait des jouets en carton à découper et à monter soi-même : le château fort, la ferme, le porte-avions, le garage, le ranch, le fort, le moulin, etc...
Le catapultage des avions fonctionnait réellement !
Et le fameux CINÉBANA BANANIA
C'était un projecteur de diapositives, que l'on appelait à l'époque "Lanterne Magique" il était en carton, et contrairement aux autres créations Banania citées ci-dessus, ce n'était pas un découpage, mais un dépliage. L'ensemble se composait d'une chemise que l'on ouvrait, à l'intérieur de celle-ci se trouvait le projecteur que l'on dépliait très facilement. Ensuite on mettait une lampe de poche à l'arrière pour projeter des images style BD sur un tissus blanc, des histoires en 20 vues... Il fallait qu'il fasse très sombre dans la pièce vu la puissance limitée de la lampe de poche. Le réglage de la netteté se faisait en variant la distance entre le Cinébana et l'écran car la lentille était fixe. Lorsque l'on avait 16 points supplémentaires, on pouvait obtenir de nouvelles histoires.
Des jetons en carton faisant office de billet d'entrée à la projection étaient même fournis. Avec quelques copains, on avait créé un petit cinéma chez ma grand-mère, on avait squatté une pièce toute noire prévue pour entreposer le charbon, dans laquelle on projetait ces BD pour tous les gamins du quartier, moyennant 1 cigarette P4 l'entrée (cigarettes P4 = paquet de 4 cigarettes vendu 12 c de Francs). On fumait en cachette
Prix de la séance 1 cigarette P4
Pour en savoir plus sur le cinébana de Banania, lisez cet article et regardez cette vidéo.
Une idée qui a révolutionné le monde de la communication
Un sifflet, une grue, un cavalier, un fantassin, des lunettes de soleil, un avion, une DS, un camion citerne, des boutons de manchette, un jeu de quilles, le paquebot France, une jeep, un peigne, un ouvre-bouteille, cet ensemble de mots vous inspire ? probablement que non !
Sauf que si vous étiez enfant en 1960, vous vous rappelleriez que ces reproductions d'objets se sont retrouvées dans un paquet de lessive. Une lessive qui a révolutionné le monde de la communication, sans publicité et uniquement grâce à une idée de génie, Bonux va devenir le phénomène de société des années 60. Tous les enfants de mon époque encourageaient leurs parents à acheter cette marque.
Cadeau Bonux, la citerne Duclerc
Avec moi, ma grand-mère ne manquait jamais de lessive, je surveillais le stock et je ne me privais pas de me salir pour que ça aille plus vite.
Le Cadeau Bonux, c’était une sensation incomparable, lorsque ma petite main s’enfonçait à tâtons dans la poudre de lessive pour y découvrir le fameux cadeau, qu'est-ce que j'allais trouver dans le paquet cette fois-ci ? un avion, une voiture en plastique, une BD de Bonux Boy, un camion de pompier, etc...
Mais alors, quelle déception !!! quand je tombais par malheur sur l'un des cadeaux destinés aux filles, ou sur un cadeau destiné aux adultes, comme le gant de toilette, le mètre de couturière, ou le couteau à fromage.
Les cadeaux Bonux c'était des échanges dans la cour de récréation de chaque école, et 60 ans après sa naissance, il continue à faire resurgir du fond de nos mémoires des moments privilégiés de notre enfance. Véritable révolution commerciale, Bonux a fortement marqué nos esprits, il s’est même imposé dans notre langage courant, il n'était pas rare d'entendre dans des embouteillages " Eh ! t’as eu ton permis de conduire dans un paquet de Bonux ? "
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Quelques photos anciennes de mon village :
Vue aérienne du quartier de Sin en 1958 (où j'habitais depuis ma naissance)
Entrée de Baisieux Sin (en venant de la Belgique), début années 50, il y avait encore des pavés sur la route nationale 41.
Entrée de Baisieux Sin (en venant de la Belgique), année 1958, il y avait du macadam sur la route nationale 41.
Entrée de Baisieux Sin, année 1958, vue dans l'autre sens, en allant vers la Belgique, on peut voir le café de Marie Montois sur l'angle.
Carrefour de Sin au début des années 1900
Comparatif Carrefour de Sin en 2019 et 1959 (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Ci-dessous, 4 photos de la rue Louis Deffontaines (jadis elle s'appelait rue de la Gare) à hauteur du Café le Facteur (photographies estimées dans les années 1930)
( cliquez sur les photos pour les agrandir)
Le Rabot d'Or, un estaminet d'antan, dans le même secteur.
Ancienne épicerie " Chez Germaine Fontaine " en face et à 30 m du café le Facteur.
Une construction qui n'existe plus de nos jours : Le moulin de Marcy
Le moulin de Marcy qui était en retrait de la Rue de Lille, le chemin du Moulin Marcy permettait d'y accéder (500 m après la maison du Docteur Delezenne). Ce moulin était sur le territoire de la commune de Chéreng, juste à la limite de la commune de Baisieux , il appartenait à Arthur Hollebeke, et il aurait, d'après ma grand-mère, fonctionné jusqu'en 1918.
L'équipe de Football de Baisieux dont faisait partie mon père dans les années 52/53
La période adulte de ma génération (baby boum) n'était pas du tout pareille, la surconsommation était notre quotidien, regardez la vidéo.
Mes années 60/70
Église et École Saint-Jean-Baptiste .
Pour quelles raisons une église à Baisieux Sin ?
L’actuelle église Saint-Martin, au Grand Baisieux, fut bâtie en 1842, en remplacement de celle qui, très ancienne, avait péri dans un incendie. Dès cette époque les Basilien(nes) de l’important hameau de Sin, demandaient la construction chez eux d’un lieu de culte. En effet à cette époque, l'église Saint Martin ne répondait plus géographiquement et démographiquement à la population, en 1856 Baisieux comptait 1971 habitants dont 859 pour le petit Baisieux (20 au Touquet - 164 au Daru - 221 au Marais - 111 rue des vaches - 343 à sin), la population croissait chaque année, et l'église Saint-Martin conservait ses dimensions de 1842, 400 personnes au maximum. Autre problème, les habitants de la rue des Vaches devaient marcher 3 km, été comme hiver, le dimanche et les jours fériés, pour se rendre à l'église Saint-Martin, et c'était si éloigné que les habitants du Daru, trouvaient plus commode d'aller à la messe dans la commune voisine : Willems.
Ci-dessous plan de l'église sur le cadastre napoléonien de 1889.
Ci-dessous, 1photos de l'église Saint-Jean-Baptiste de Baisieux Sin, au début du 20e siècle. (photographie estimée dans les années 1930 ?)
Ci-dessous, 2 photos de l'autel années 40/50 pour celle de gauche, et année inconnue pour celle de droite.
Des négociations difficiles.
En 1865, une groupe de paroissiens de Sin se rend en délégation à Baisieux Centre, leur but est de convaincre l'abbé Deberkhem, à prêter son concours à leur dessein, à savoir l'implantation d'une chapelle de secours à Baisieux, mais celui-ci les éconduit.
Certains paroissiens, se rendant régulièrement aux messes de Willems, demandent alors au curé de cette paroisse (l'abbé Pluchart) de les aider. Celui-ci échafaude arguments et projets puis se rend à Baisieux pour y rencontrer les habitants, voici ses paroles " Les trois kilomètres qui séparent le Grand d'avec le Petit Baisieux, rendent l'accomplissement des devoirs religieux impossibles aux enfants et aux vieillards et très difficile au reste de la population. "
Puis ce sont des querelles qui commencent, entre le curé de Willems et le curé de Baisieux via des lettres à l'évêché. Le 03 janvier 1869, l'évêque apprend par le curé de willems: l'abbé Pluchart, que la fréquentation importante du temple est alarmante, un nombre considérable de gens le fréquente, et que les 385 personnes du Daru risquent d'aller grossir les rangs des Calvinistes, le seul antidote est d'ériger une chapelle. Le 25 janvier 1869, L'évêque est convaincu qu'il faut une chapelle à Baisieux Sin, et il conseille alors à l'abbé Deberkhem d'encourager cette religieuse entreprise.
Les dates importantes
- Les limites de la paroisse de la future église sont tracées par le maire en 1870,
- Après de nombreux échanges épistolaires entre la préfecture et la commune, le devis des travaux est établi, avec adjudication des travaux en mairie le 19 mai 1973.
- Au XIXème siècle une église ne se conçoit pas sans presbytère, en 1875 Le conseil municipal vote les ressources pour le construire.
- L'église est érigée en 1876 et bénie le 18 août de la même année en présence de l'abbé Deberkhem.
- La paroisse Saint-Jean-Baptiste est créée le 07 août 1879, avec nomination du curé l'abbé Gustave Deltombe, qui est donc le premier curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste à Baisieux
- Le 6 mars 1879, premier conseil de Fabrique.
- À Saint Jean Baptiste on y vénère une relique de Saint-Saulve.
Constructions supplémentaires.
- on construit une réplique de la grotte de lourde accolée à l'église.
- Très vite après la construction de l'église, vers 1880, on bâtit une école libre (privée) dans la rue de l'Église: l'école Saint-Jean-Baptiste, l'enseignement est assuré par une communauté religieuse de la Providence De Porthieu (Vosges).
- Puis plus tard, les sœurs sont secondées par des laïques. En 1929, l'école comptait 90 élèves, et en 1983, 107 élèves avec 4 classes dont 1 maternelle.
- à partir de 1880, un cimetière jouxte l'église, il s'agrandit par la suite.
Évènement
À St-Jean-Baptiste, un rassemblement avait lieu chaque lundi de Pentecôte pour vénérer la relique de St Saulve.
Ci-dessous vue aérienne de l'église et de l'école Saint-Jean-Baptiste dans les années 60, et une classe de l'école Saint-Jean-Baptiste en 1967
La Gare de Baisieux.
En 1860 le chemin de fer est arrivé à Lille et continue à se développer, le 16 juin 1862 une convention est signée entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie des Chemins de Fer du Nord pour l'établissement d'un « chemin de fer de Lille à la frontière belge, dans la direction de Tournai » cette convention est concédée à titre définitif par et un décret du 6 juillet 1862 déclarant la ligne d'utilité publique et approuvant la convention de concession.
Imaginez que vous êtes un Basilien ou une Basilienne du 19ème siècle, nous sommes en 1862 et vous apprenez que le village sera traversé, dans 2 ou 3 ans, par une ligne de chemin fer. À cette époque, dans les campagnes françaises, les bruits courent que les trains à vapeur sont dangereux, ils font peur au bétail, on dit que les vaches et les moutons sont affolés au passage de ces monstres de fer, sur les chemins à proximité des rails, les chevaux de trait effrayés par les locomotives, risquent de s'emballer et causer de graves accidents, on dit aussi que les passagers des chemins de fer sont choqués par la vitesse du train, les voyageurs n’arrivent pas à maîtriser le paysage qui défile et disparaît trop vite en face de lui. On dit même que certaines personnes, hantées par le stress et l'insécurité, sont dans une condition de fragilité qui les conduit à la folie. Bien entendu ces informations sont colportées par des gens qui ont tout à perdre avec l'arrivée de ce chemin de fer
Construction de la gare
On peut s'imaginer qu'à Baisieux, dans ces années 1862 à 1864, des architectes et des ingénieurs de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord viennent régulièrement à la mairie pour négocier les achats de terrains, afin d'y installer les infrastructures des voies et de la future gare, il faut savoir que la Compagnie des Chemins de Fer du Nord avait prévu d'installer cette gare plus proche de la frontière. En allant vers la Belgique, elle devait être installée au niveau du second passage à niveau actuel (rue de Templeuve), c’est le maire de l’époque, Mr Aimé Florent Carrez, qui aurait mis son veto et fait déplacer l’implantation de la gare à petit Baisieux, c'était beaucoup plus intéressant pour certains agriculteurs basiliens, qui possédaient de bonnes terres près de la frontière. À Petit Baisieux une partie des terres était des marais que la commune possédait, ce qui rendait la transaction plus facile.
Le visage de Baisieux aurait été bien différent si la gare avait été construite au niveau de la rue de Templeuve, les alentours auraient eu de nombreux commerces et habitations
La construction des gares au 19ème siècle
A cette époque, la compagnie des Chemins de Fer du Nord, imposait à ses architectes un cahier des charges pour les infrastructures des gares, en fait les gares étaient divisées en 3 classes, 1er pour les grandes villes, 2ème pour les petites villes, 3ème pour les villages, Baisieux est probablement une gare de 3ème classe améliorée en raison de son implantation près de la frontière Franco-Belge.
L'intérieur d'une gare frontière au 19ème siècle
Le programme de base comprenait un hall (assez vaste à Baisieux), le bureau du chef de gare, les guichets pour la vente des billets, le service des bagages avec une bascule, une lampisterie, la ou les salles d'attente (à l'époque 3 classes pour voyager 1er, 2ème, 3ème) certaines gares (comme Blandain gare frontière en Belgique) avaient des salles d'attentes différentes en fonction des classes de billets, la gare de Baisieux avait- elle plusieurs salles d'attente ? Pour l'instant nous n'avons rien trouvé à ce sujet. Des locaux destinés à la douane pour la fouille des voyageurs et des bagages étaient également prévus, il y avait le logement du chef de gare, des logements de fonction pour les douaniers, une salle de repos pour les agents de la gare, des toilettes hommes et dames...
L'extérieur d'une gare au 19ème siècle
Cette partie de la gare contenait l’ensemble des voies principales du chemin de fer destinées à l’arrivée et au départ des trains, et des voies dites de service pour effectuer les manœuvres nécessaires pour les machines. Il fallait aussi des aiguillages à main pour changer de voie, une signalisation pour éviter que les trains ne se rencontrent ou se télescopent, une ou plusieurs colonnes à eau pour les locomotives à vapeur. Les voies principales qui devaient recevoir les voyageurs à l’arrivée comme au départ étaient totalement bordées de trottoirs et souvent couvertes par des charpentes métalliques vitrées Cette disposition était largement recommandée par les ingénieurs comme le soulignait A. Perdonnet : « Nous recommandons de faire, autant que possible, descendre les voyageurs de voiture ou de les y faire monter à couvert »
1865, on ouvre la ligne
Le 1er décembre 1865, ouverture de la ligne internationale de Lille à Tournai, la mise en service se fait simultanément sur la ligne française de Lille à Baisieux frontière, et sur la ligne belge de Tournai à Blandain frontière (station belge mise en service le même jour). Le même jour, la Compagnie des chemins de fer du Nord met en service, la station de Baisieux qui est établie à un kilomètre du village de Baisieux qui compte 1 997 habitants, la frontière avec la Belgique est à 2 km.On suppose que les 3 maisons de garde-barrières de Baisieux : près de la gare, rue de Templeuve et rue des Plats Fossés ont été mises en service en même temps que la gare. À noter que la même année, la station d' Ascq et ses 3 maisons de garde-barrières sont également mises en service...
Les Basilien(nes) commencent à voyager
En cette année 1865, des hommes et des femmes de Baisieux, dont certains n’ayant jamais franchi le territoire de notre village, découvrent et visitent la gare, un lieu qu’ils n’avaient jamais vu auparavant, puis certains se lancent dans l'aventure, acheter un billet pour un petit voyage, Lille par exemple, il y a 3 classes différentes à l'époque, les plus modestes se contentent de la 3ème. Les billets achetés, ils doivent ensuite faire peser leurs bagages, la compagnie accorde 30 kg gratuits par voyageur, au-delà il faut payer ! Et l'aventure dans le futur commence, comparé à la diligence, à la calèche ou au fiacre, le train permet de se déplacer à des vitesses inimaginables qui peuvent atteindre les 30 km/h.
Le quartier de la gare s'agrandit
En regardant le cadastre napoléonien de Baisieux de 1889 (ci-dessous), on peut remarquer que des habitations se construisent très vite autour des infrastructures ferroviaires, si l'on regarde les photos anciennes, des commerces s'installent, la poste en 1881, à la fin du 19ème siècle le quartier de la gare commence à être très fréquenté ...
Ci-dessous : l'intérieur de la gare au début du 20ème siècle, l'ancienne barrière de la rue Louis Deffontaines ex rue de la gare, l'extérieur de la gare.
Ci-dessous : l'intérieur de la gare fin 19ème siècle, les commerces aux alentours de la gare début 20ème siècle.
La ferme-manoir d'Ogimont.
Un endroit où de nombreuses associations se retrouvent, un lieu où l'on vote, de nombreux Basilien(nes) passent devant pour conduire leurs enfants à l'école Paul Emile Victor.
Quand le manoir fut-il construit ?
le Seigneur d’ Ogimont, à qui vient d’échoir le fief Vicomtier « de Thieffries », fait ériger à Baisieux un château pour en faire sa maison de campagne.
Le logis a été construit fin XVIIè, début XVIIIè, puis les bâtiments annexes suivirent dans la construction.
Détail des différentes phases de construction (source Histoire et généalogie de Baisieux dont je suis l'un des 4 membres du conseil d'administration)
Fin du XVII° et premier quart du XVIII° siècles, construction du château attesté par la modénature des façades et comprenant l’aile principale, l’aile droite sur caves semi enterrées et l’aile en retour (RdC, R+1 et combles mansardés) ainsi que les douves, pont dormant et passage cocher. Occupation comme maison de campagne.
- La mutation du château en ferme-manoir:
Seconde moitié du XVIII° siècle, établissement d’une ferme : construction de l’aile Est de la ferme adossée au pignon sud du Château. Elle comprend un rez-de-chaussée peu élevé avec toiture en bâtière (témoins subsistants sur le pignon dans les combles et briques anciennes en façades). Édification de la grange : millésime 1784. Le bâti forme alors un U : château, aile Est et grange. Le château devient le corps de logis de la ferme. L’exploitation est louée à Pierre François Deffontaines.
- Occupation de la fermes par la famille Deffontaines :
Seconde moitié du XIX° et XX° siècle, les héritiers des d’Ogimont (les Dupont-d'Ogimont) vendent le domaine en 1868. Celui-ci est loué à l’époque à Charles Louis Deffontaines, petit fils du précédent, qui édifie l’aile Nord en 1878 (Millésime). Son fils Émile construit l’aile Ouest dès 1880 comme l’atteste le monogramme en façade et referme ainsi la cour. Élargissement par l’arrière de l’aile en retour du château. En 1887, Émile Deffontaines surélève l’aile Est sur toute sa longueur et en modifie la volumétrie pour la partie au contact de l’ancien Château : Il crée l'aile gauche de celui-ci et le dote ainsi d’une composition symétrique. Après François Deffontaines, fils du précédent qui occupa le domaine depuis 1922, Joseph Deffontaines, petit fils d’Émile exploite la ferme à partir de 1962, il dote l’aile Nord d’un appendice disgracieux en façade arrière et perce des baies de cette aile sur la cour en ne tenant pas compte du rythme de la façade.
- La réaffectation en centre culturel :
Début XXI° siècle, abandon de l’exploitation et vente à la Commune de Baisieux en 2000. Réaffectation en 2000-2001 des bâtiments, à l’exception du corps de logis, en centre socioculturel, démolition des différents appendices adossés à la grange côté Sud. le Corp de logis est remis dans son état d'origine.
Son architecture
Le porche s'ouvre sous un arc de pierre qui rappelle beaucoup d'hôtels de Douai, et on trouve au dessus, la marque d'un ancien pont levis, c'est logique car jadis la ferme était entièrement entourée de douves (voir plan cadastral de 1825 ci-dessous) de nos jours il reste encore des traces de celles-ci à certains endroits autour du manoir. Le caractère de la façade réside surtout dans le contraste entre matériaux traditionnels : grès d'Artois, pierres de Lezennes, et briques. La toiture est de type à la Mansard et devait être recouverte d'ardoises. Dans le salon, le plafond est à poutres lambrissées de rinceaux en plâtre.
Le mur d'une grange porte en pierres blanches la date 1784, et dans la cour les noms des propriétaires apparaissent par briques en relief.
Les différents occupants du manoir
- Au début du XVIIIè siècle, c'était la maison de campagne du seigneur d'Ogimont, qui l'avait fait construire.
- Avec le temps, le bâtiment devient le corps de logis d'une grande ferme, avec cour centrale, exploitée avant 1789 par Pierre François Deffontaines.
- A la révolution la famille d'Ogimont, devenue Dupont d'Ogimont, s'enfuit à Bruxelles. Recherchée par Pierre François à l'annonce de la confiscation des biens des immigrés, mais à moitié ruinée, elle vend le tout à Goman Maes.
- Le domaine revient en 1856 à Charles Louis Deffontaines, petit-fils de Pierre François.
- Ce fut ensuite Emile en 1880 qui exploita en même temps une ferme à Blandain.
- François en 1922 et Joseph en 1962.
- Puis l'ensemble a été acquis en l'an 2000 par la commune, pour y faire le centre culturel de Baisieux. De nombreux travaux ont été réalisés pour transformer les granges, les étables, la porcherie, l'écurie, etc...en salles modernes avec tout le confort, pour les différentes activités, tout en gardant le cachet ancien de l'édifice, le logis fut aussi rénové pour retrouver son aspect d'antan.
La ferme-manoir d'Ogimont était de type cense
Une ferme à cour fermée avec peu d'ouvertures sur l'extérieur. Un porche permettant d'accéder à la drève (chemin d'accès à la cense), tandis que sur deux autres ailes, des passages couverts étaient aménagés pour accéder aux pâtures ainsi qu'aux terres exploitées. Le bâtiment, qui a un plan de type pentagonal, était organisé en trois secteurs, fonctionnant indépendamment :
Le premier secteur était le lieu du logis, et il était dirigé directement sur la rue.
Le deuxième secteur concernait la culture et regroupait la grange, l'aire à battre et des remises dans lesquelles deux accès couverts étaient aménagés afin d'accéder aux champs.
Le troisième secteur concernait le bétail et regroupait les étables, la porcherie, l'écurie, dans ce secteur deux passages couverts étaient aménagés afin de rejoindre les pâtures.
Ainsi, dans cette typologie de ferme-cense, tous les accès étaient créés depuis la cour fermée centrale, les chemins par usage étaient dirigés en fonction de la proximité des besoins, la cour et la ferme étant le cœur de la vie rurale de l'exploitation. (Source observatoire Caue)
La vie était dure pour les paysans qui travaillaient à la ferme, par exemple l'eau qu'ils devaient pomper à la force de leurs bras dans des réservoirs, était réservée au seigneur, eux devaient se contenter de ce qui coulait par les trop pleins.
Ci-dessous à gauche le plan cadastral de 1825 où l'on constate que la ferme-manoir d'Ogimont était entourée de douves, et à droite le plan sur lequel est expliqué le fonctionnement de la ferme : logis, étables, porcherie, grange, etc...
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Des épisodes de violence pendant la révolution
Ces événements ont fait l'objet d'un procès verbal retrouvé aux archives du Nord, dont nous avons copie :
Après le passage des troupes en guerre : Français de Dumouriez, Uhlands, Autrichiens, qui pillent les récoltes et tuent le bétail, le 2 mars 1796 une cinquantaine d'hommes pénètrent dans la ferme par effraction. Les 8 domestiques et servantes sont amenés dans la cuisine pour être ligotés et interrogés. Puis le fermier et son épouse sont recherchés et trouvés. Pierre François Deffontaines, une corde au cou, est traîné dans une chambre et étranglé jusqu'à ce qu'il avoue où est son argent. Sachant que les moutons ont été vendus, les bandits non satisfaits en réclament plus. Pierre François étant prêt à expirer, ils le laissent agoniser, ils vont alors chercher son épouse, lui passent une corde au cou, ils l'accrochent à la cheminée, et allument deux fagots sous elle. La voyant prête à expirer, ils la décrochent, la portent dans la chambre en disant " elle est crevée " Après partage de l'argent et de quantité d'objets, vaisselle, bijoux, linge et nourriture, les brigands, on les appellera " les chauffeurs de pieds" , quittent la ferme vers quatre heures du matin, après avoir ligoté les enfants.
Différentes photos de la ferme-manoir d'Ogimont
Dans la cour de la ferme d'Ogimont, sur le mur opposé au porche, il y a une niche dédiée à la Sainte Famille. Vu les briques qui l'entourent, identiques à celles de la façade sur cour de l'aile ouest de la ferme, cette niche date certainement de la construction de cette aile construite en 1880 par Émile Deffontaines. Cette niche religieuse existe encore de nos jours.
Ci-dessous, logie de la ferme d'Ogimont années 60 et sortie de moutons début XXème siècle.
Ci-dessous, comparatif ferme d'Ogimont jadis et centre culturel d'Ogimont de nos jours.
Le centre culturel d'Ogimont de nos jours, façade et cour.
Le domaine d'Escamin.
Fief d'Escamaing
Il y a très longtemps, depuis le moyen âge, Escamin s'écrivait- Escamaing, c'était un fief tenu de la baronnie de Cysoing à 10 livres de relief, comprenant 17 bonniers 1/2 de terres tenant au triez dudit Escamaing et aux terres de la seigneurie de Ponthois ; des rentes sur plusieurs hôtes et tenants, le pennage des pourceaux et le tonlieu des bestiaux; 10 hommages parmi lesquels le Petit-Molinel et Zabulon à Baisieux.
- En 1223, on trouve déjà dans les textes le nom d'un chevalier Bernard d'Escamaing et Micharde sa femme, dont le fief comprenait 17,5 bonniers soit environ 25 hectares.
- Jean, seigneur d'Escamaing, fils de feu Jean, 1439 ; il vendit son fief à Jean d'Hallennes, écuyer en 1451.
- Philippe d'Hallennes, fils de feu Gilles, dit Pépin, écuyer, bailli de Douai, 1472.
- A l'époque des troubles religieux du XVIe siècle, Escamaing appartenait à Antoine de Lannoy, écuyer, seigneur de Bailleul en Tournaisis, qui fut exécuté à Tournai pour hérésie; son fief fut retenu par droit d'annotation.
Domaine d'Escamin
Escamin c'était un domaine qui comprenait : des terres, des pâtures, un château et sa ferme, et vers 1780 la ferme et le château représentaient une propriété d’environ 3,5 hectares. Si l'on regarde le plan cadastral de 1825 ci-dessous, on remarque que le domaine était entouré de douves.
Voici quelques infos sur ces deux édifices : le château et la ferme
Le château d'Escamin
Le château d'Escamin est une demeure privée du XVIIIe qui n’est pas accessible au public. Jusqu'en 1900, le château faisait partie du domaine d'Escamin.
Au début du XVIIIe Siècle, un propriétaire du domaine d'Escamin, Jean-Baptiste Potteau, Seigneur d'Escamain, greffier de la Gouvernance de Lille, époux de Catherine Françoise Fruict, fille du greffier des États de Lille; fait bâtir le château d'Escamin.
En 1900, la ferme et le château sont séparés par la vente de ce dernier à Charles Escouflaire. Rappelons que l'accès principal du château se faisait par le chemin Delins bordé de chaque côté par de grands arbres et des pâtures. Puis au bout de celui-ci, on accédait au parc par un porche, sous une tour colombière. (voir les 2 photos ci-dessous : chemin Délins et porche sous la tour colombier)
Vue du château après avoir franchi le porche sous la tour colombier.
Au début du XXe siècle, une maison de gardien fut construite près de la chapelle qui était située rue du Château.
Les différents propriétaires, locataires et occupants.
- Au début du XVIIIe Siècle, un propriétaire du domaine, Jean-Baptiste Potteau, Seigneur d'Escamain, greffier de la Gouvernance de Lille, époux de Catherine Françoise Fruict, fille du greffier des États de Lille; y fait bâtir le château d'Escamin.
- En 1838, Marie Catherine Bonne Godtschalck, épouse de Joachim Joseph Poulle écuyer officier Colonel aux gardes wallonnes, descendante de la famille Potteau est citée propriétaire du château sur l’acte de décès à Baisieux de sa fille Félicie Marie Joséphine
- Dans la seconde partie du XIXe siècle, il fut loué puis acheté par la famille Salembier-Pollet. Puis, par succession leurs descendants, la famille Loingeville, en devinrent propriétaires.
- Vers 1890 le château et la ferme furent séparés, le château fut d'abord loué par Charles Escouflaire (décédé en 1909) puis acheté par celui-ci en 1900, puis ses descendants occupèrent le château : son fils Rodolphe Escouflaire, son petit-fils André Escouflaire et son arrière-petite fille Marie Torfs.
Le château fut occupé épisodiquement par les Allemands durant les deux guerres mondiales.
L'étang du Château en 1909.
Château d'Escamin dans les années 20
L'architecture et les transformations.
Depuis sa construction au début du XVIIIe siècle, le château a perdu sa physionomie première, seule l'aile orientée nord-sud a gardé ses façades intactes, ses anciennes fenêtres et un vieux pignon, il est typique de cette époque avec une ligne classique composite (style régence ?). Le bâtiment en L comportait les pièces de séjour orientées à l'ouest, et une orangerie donnant sur la cour côté ferme (est).
- Au début du XXe siècle, avec Charles Escouflaire, une partie de l'aile orientée nord-sud est aménagée en bureaux pour les employés de l'entreprise de fabrication des poudres anti-asthmatiques créée par Charles Escouflaire. Puis il fait dessiner le parc par un paysagiste, il n'y avait alors aucun arbre.
- Dans les années 20, Rodolphe Escouflaire agrandit le bâtiment de l'aile orientée est-ouest, il remplace l'orangerie par une grande salle à manger surmontée de deux chambres à coucher. Il ajoute côté est une tourelle pour l'escalier et une cuisine.(voir la photo cour du Château d'Escamin ci-dessous)
À gauche l'aile orientée nord-sud et à droite l'aile orientée est-ouest.
Rodolphe Escouflaire avec sa voiture devant le château dans les années 1920
Les dégradations suite à l'occupation allemande et à des pillards.
Rappelons que les Allemands ont occupé le château durant la première et la seconde guerre mondiale. Ils y ont fait beaucoup de dégâts, aux cheminées et à certains pavements, une rose des vents et des inscriptions ont été peints sur les murs des garages et sur les murs d'une pièce à l'étage de l'aile nord-sud.
Pendant ces périodes d'occupation, la vie des propriétaires devait être très pénible, les Allemands réquisitionnaient des logements comme le château d'Escamin, et bien entendu ils installaient leurs officiers dans les plus belles pièces.
Lors de la première guerre, Madame Célestine Thérèse Escouflaire (née Delbauve) veuve de Charles Escouflaire décédé en 1909, vivant seule au château, écrivit un journal intime. Nous avons pu lire ce récit où elle livre en 1917 son ressenti face à l’occupant.
Lors de la seconde guerre mondiale, les allemands s'étaient installés durablement sur la propriété. Sur une parcelle de terrain à gauche du château, on voit encore les fondations en béton de baraquements de cantonnement, et dans une dépendance annexe, à l'arrière du château, les occupants avaient construit une sorte d’évier destiné à la toilette des soldats.
Peu après la libération, des groupes les ont remplacés durant quelques mois ? Quel était leur rôle ? Personne ne semble le savoir, mais leur activité s'apparentait plutôt à des actions de pillage près des zones de combat.(cette phrase vient du livre Baisieux 2000, mais est-ce étayé ???)
Le château d'Escamin de nos jours :
De nos jours, le château et la maison du gardien existent toujours, l'étang n'a presque plus d'eau car il n'est plus alimenté par le ruisseau Saint-Calixte, et dans les pâtures qui précédaient le château plusieurs villas ont été bâties vers la fin du XXè siècle (voir le cadastre 2021 ci-dessous), la petite chapelle qui était située rue du château, devant l'entrée principale, (voir photo entrée principale) a disparu dans les années 70.
La ferme d'Escamin
Description.
C'est une grande ferme au carré avec cour centrale de 35 m sur 40 m, elle possède un corps de bâtiment daté de 1722, le reste ayant été partiellement reconstruit après un incendie vers 1860. Les toitures sont recouvertes de tuiles flamandes. Elle était entourée de douves à présent comblées (voir ci-dessous le cadastre napoléonien de 1825). l'entrée se fait par un grand porche arrondi, précédé de deux piliers importants.
Rappelons que la ferme et le château faisait partie du même domaine jusqu'en 1900, date à laquelle le château a été vendu à Charles Escouflaire.
Entrée de la ferme vers 1990 et cour de la ferme vers 1914.
Les différents occupants jusqu'à la fin du XXè siècle.
- Rappelons que le fief est bien plus ancien que la ferme, déjà en 1223, on trouve dans les textes le nom d'un chevalier Bernard d'Escamaing et Micharde sa femme, dont le fief comprenait 17,5 bonniers soit environ 25 hectares.
- En 1451, Jean d'Escamaing, écuyer, fils de feu Jean, vend son fief à Jean d'Hallennes.
- En 1472, Philippe d'Hallennes, fils de feu de Gilles, dit Pépin, écuyer, bailli de Douai.
- Au XVIè siècle, à l'époque des troubles religieux, Escamaing appartenait à Antoine de Lannoy, écuyer, seigneur de bailleul en tournaisis, qui fut exécuté à Tournai pour hérésie, son fief fut retenu par droit d'annotation. Son censier Bettremieu Mullier fut pendu en 1581 à Lille, pour avoir comploté de livrer la ville au prince d'Orange, chef des protestants des Pays Bas.
- Au XVIIIè siècle, le propriétaire est Jean-Baptiste Potteau, Seigneur d'Escamain, greffier de la Gouvernance de Lille, époux de Catherine Françoise Fruict, fille du greffier des États de Lille. ( souvenez-vous, c'est lui qui a fait bâtir le château d'Escamin).
- Les bâtiments et le domaine ont été au fil du temps, la propriété de nombreux notables.
- En 1858, la ferme a été revendue à la famille Salembier : François Salembier (1813-1889) a exploité la ferme durant 30 ans, et a été maire de Baisieux de 1848 à 1865.
- Un descendant des Salembier, Loingeville Emile, puis son fils Nicolas furent propriétaires et ont poursuivi l'exploitation du domaine.
La ferme sous l'occupation.
Durant les deux dernières guerres la ferme a été occupée par les troupes allemandes.
En 1914/1918, les allemands y ont rassemblé toutes les vaches de la commune, pour mieux les contrôler (voir photo ci-dessous).
En 1940/1944, les allemands avaient un garage de motos dans une dépendance, et l'on peut encore voir, peints en noir, les numéros d'immatriculation.
Regroupement des vaches de la commune en 14-18
Une info non vérifiée
Il y aurait eu, dans les temps anciens, un souterrain secret qui reliait le domaine d'Escamin à la ferme des Chartreux ? s'il a vraiment existé ce souterrain aurait fait plus de 600 m de long. Il faut savoir que cette cense située en Belgique fut longtemps française et sur le territoire de Baisieux, comme l'indique la carte de Ferraris ci-dessous. La cense des Chartreux fut cédée aux Pays Bas en 1815 par les traités des 20 novembre 1815 et 28 mars 1820. Par l'effet de cette cession, le territoire sur lequel était située la cense des chartreux fut rattaché à la commune de Blandain depuis les événements de 1830 en Belgique (La Révolution belge de 1830 est la révolte, contre le roi des Pays-Bas Guillaume Ier, elle aboutit à l'indépendance et à la neutralité de la Belgique)
Ferme des Chartreux située à 650 m à vol d'oiseaux d'Escamin, et carte de Ferraris de 1770 indiquant la cense côté français.
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Ci-dessous, l'entrée et la cour de la ferme d'Escamin vers la fin des années 90.
Entrée de la ferme d'Escamin vers 2012
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Plan cadastral de 1825 concernant le domaine d'Escamin.
Ferme des Chartreux
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Cette ferme très ancienne se situe en Belgique, sur le territoire de la commune de Blandain, à quelques mêtres de la frontière, mais il faut savoir que cette cense fut longtemps française et sur le territoire de Baisieux, comme le montre la carte de Ferraris ci-dessous. La cense fut cédée aux Pays Bas en 1815 par les traités des 20 novembre 1815 et 28 mars 1820. Par l'effet de cette cession, le territoire sur lequel était située la cense des chartreux fut rattaché à la commune de Blandain depuis les événements de 1830 en Belgique (La Révolution belge de 1830 est la révolte, contre le roi des Pays-Bas Guillaume Ier, elle aboutit à l'indépendance et à la neutralité de la Belgique)
Cette ancienne ferme seigneuriale d'une vingtaine de bonniers, établie en ordre dispersé sur un gros demi-hectare, et entourée de douves, fut bâtie au début du 18ème siècle, mais il devait y avoir une ferme plus petite avant celle-ci, puisque des écrits (jurisprudence de la cour impériale de Douai) disent que la famille du sieur Louis deffontaine exploitait cette cense des chartreux depuis 1613.
Il se dit, depuis longtemps, qu'il y aurait eu dans les temps anciens, un souterrain secret qui reliait le domaine d'Escamin à la ferme des Chartreux ? Rien n'est prouvé à ce jour, et s'il a vraiment existé ce souterrain aurait fait plus de 600 m de long.
Ferme années 80 et cour de ferme en juillet1945
Ferme des Chartreux vers 1990
A lire aussi un document de justice ci-joint et concernant les occupants de la ferme des Chartreux après que celle-ci se retrouva en territoire belge " Jurisprudence de la Cour Impériale de Douai " Cliquez sur le document ci-dessous pour le lire?
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas la ferme des Chartreux, pour la voir, c'est juste à la frontière, côté Belge. C'est une belle promenade, il suffit d'aller jusqu'au bout de la rue d'Escamin à Baisieux, puis vous empruntez la rue des Chartreux, il vous restera 700 m à marcher, ci-dessous un plan pour y aller.
Écoles Publiques de filles et garçons du Petit Baisieux (École Michelet)
Ecole communale Michelet où j'ai étudié dans les années 50, à l'angle de la rue de Verdun et rue des écoles. Sur la photo ci-dessous, au premier plan entrée de l'école des garçons, au second plan entrée de l'école des filles, la photo date des années 30 car on il n'y a pas encore de lignes électriques. De nos jours l'école n'existe plus, les 2 maisons des enseignants sont devenues des logements privés, et les classes ont été détruites pour construire une résidence pour personnes âgées...
Voici les grandes lignes de son histoire:
Comment est né le projet?
Dans une déclaration au Conseil Municipal du 19 mai 1879, le maire regrette les mauvaises conditions de travail des enfants, logés à l'étroit dans des locaux non destinés à l'usage de classes, et il est urgent de construire deux maisons d'écoles, garçons et filles, au centre des hameaux composant la section du Petit Baisieux. La dépense sans les préaux et les clôtures (qui ne pourront être faits de suite) s'élève à 28.000 F, mais ne pourra être engagée que si l'on obtient une subvention de 12100 F. Le reste, soit 15900 F, sera couvert par un emprunt remboursable en 31 ans. Le Conseil donne un accord unanime.
Noms des rues longeant les écoles à la fin du 19e siècle.
En 1879, la Rue des Ecoles s'appelait Ancien Chemin de Sin à Willems, et la rue de Verdun s'appelait Rue des Vaches.
Les grandes lignes de la construction, des agrandissements et des transformations.
D'après un document des archives du Nord :
- De 1879 à 1882, construction (avec plans) des écoles publiques de garçons et de filles du Petit Baisieux.
- En 1891, construction d’un mur de clôture.
- En 1892, appropriation des logements de fonction.
- En 1892, les écoles reçoivent en moyenne 80 élèves chaque mois, et sur recommandation de l'inspecteur primaire un poste d'adjoint rémunéré par l'état est créé dans chacune des deux écoles, les travaux d'aménagement de classes sont à la charge de la commune, et les locaux étant vastes, des cloisons sont posées pour doubler le nombre de classes.
- De 1936 à 1938, agrandissement et transformations : devis, arrêté (avec plans).
- En 1952, les cours sont asphaltées et des sanitaires construits.
- Fin des années 50, en raison de l'augmentation du nombre d'élèves il faut construire une classe de filles et une classe de garçons, qui seront dans l'immédiat logées dans les vestiaires, un projet de construction type, présenté par la préfecture pour un coût de 5 millions de francs par classe et subventions de 90% est envisagé, mais on souhaite aussi y ajouter des préaux et des WC pour un futur groupe scolaire de 6 classes de filles et 6 classes de garçons. Le projet type qui comporte un sol béton et un toit en éternit à un seul versant, doit être modifié pour avoir un sol en carrelage et un toit à double pente en tuiles. Le logement doit comporter une salle d'eau et le chauffage central. En 1960 les travaux sont en cour.
1937, des séances de cinéma dans l'école.
En Juillet 1937, il est proposé la création d'un cinéma dans les nouvelles écoles du Petit Baisieux, ce qui permettra de retenir les habitants dans la commune et jouera un rôle éducatif pour les enfants. Une commission de choix des films est créée qui devra prendre toutes les garanties au point de vue moral ! Unanimité du conseil.
1965, groupe scolaire Michelet.
C'est en Janvier 1965 que les Écoles publiques de filles et de garçons du petit Baisieux prennent le nom de Groupe Scolaire Michelet.
2008, l’école est finie…
L'école Michelet a fermé en 2008, comme l’école Lamartine, à l’ouverture de la nouvelle école Paul Emile Victor. Ensuite, certains bâtiments de l'école ont été détruits et d'autres rénovés pour en faire un béguinage